Bee Movie aurait pu être un film écolo...

Bee Movie, un film écrit par Jerry Seinfeld, est le dernier film d'animation des studios Dreamworks (Shrek et Madagascar, que j'avais beaucoup aimés). Le héros, Barry, jeune abeille tout juste diplômé, condamné à produire du miel toute sa vie durant, sans un jour de congé, décide de voir le monde avant de se lancer professionnellement. Elle découvre que les humains volent le miel produit à la sueur de leur front par les abeilles, et décide de leur intenter un procès pour que cela cesse. Après avoir obtenu gain de cause en plaidant qu'on les enfume (c'est d'actualité en France !) pour leur prendre leur miel, sans jamais leur avoir demandé leur avis, les abeilles récupèrent toute leur production indûment volée. Et arrêtent de travailler tellement elles ont désormais de réserve de miel. Résultat, plus de butinage, donc la pollenisation ne se fait plus et la nature se meurt peu à peu.

Jusque là, les enchaînements renvoient à des actualités connues dans le monde des humains, et souvent pointées du doigt par les écologistes : désenchantement des jeunes face à leur insertion professionnelle dans laquelle ils ne voient pas d'intérêt ou de sens; envie de connaissance du Monde avant de devoir se mettre au travail; dénonciation de l'utilisation du travail des masses laborieuses au profit de quelques uns (ici, les méchants industriels du miel); sensibilisation au risque écologique de disparition des fleurs, et par voie de conséquence du reste du vivant, si les abeilles s'arrêtaient de travailler (ou disparaissaient, comme elles risquent de le faire à cause de l'usage trop intensif des pesticides et particulièrement du Gaucho). Bee Movie aurait donc pu être un film écolo, et cultiver le message.

Bee Movie Drôle d'Abeille - bande annonce VOST

Malheureusement, au lieu d'insister plus de deux minutes sur l'aspect libération de la corvée travail ainsi que sur les conséquences écologiques probables, le film remet les choses à l'endroit. Les abeilles se rendent compte des conséquences de leurs actes, et se remettent au travail, repollenisent, sauvant au passage New-York (et donc le Monde). Ouf, les travailleurs sont de retour au travail, et tout revient dans l'ordre. Les abeilles, qui commençaient à s'ennuyer ferme à ne rien faire de toute la journée retrouvent une raison d'être (car chacun sait qu'en dehors du travail, l'abeille, tout comme l'humain, n'a rien à faire. Oubliés les découvertes du monde, les conversations entre amis, les bains de miel, la drague). Et la morale est préservée, puisque le monde est sauvé par le travail... qui rend heureux.

Heureusement, reste tout de même une bonne tranche de rire, surtout à partir du milieu du film. On s'esclaffe, on s'émeut, on se projette. Le film joue des images de vedettes (Sting, Larry King ou Ray Liotta sont épinglés, et doublés par les vrais humains). Les répliques sont parfois de très bon niveau (du Jerry Seinfeld, qu'on vous dit), comme lorsque la toute petite abeille qui boit un café avec son "amoureuse" humaine indique après une gorgée qu'elle n'en boira pas plus, sinon elle risque d'être "insomniaque jusqu'à ses 75 ans". Les personnages sont bien trouvés, l'image est bonne, les clins d'oeil nombreux et appréciables. Un bon moment pour les grands donc, même si le film ne restera pas ni dans l'histoire du divertissement ni dans celui du film écolo.

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Pour en savoir plus sur la disparition des abeilles et ses conséquences :

"La mort des abeilles met la planète en danger" : Les abeilles s'éteignent par milliards depuis quelques mois. Leur disparition pourrait sonner le glas de l'espèce humaine. (Les Echos, 20/08/07). Selon les Echos, Einstein aurait dit que si les abeilles disparaissaient, l'humain en ferait autant quatre ans plus tard !

"Les abeilles sont en danger de mort" (Quid.fr)