Le Parisien et Métro de ce jour s'exclament en gros titres : "Encore un mort à vélo dans Paris" et "Encore un mort à Vélib'". Comme s'il y en avait tous les jours. Pourtant, les chiffres sont clairs : 3 morts en un an pour... 24 millions d'utilisations ! Soit 0,0000125% de probabilité de se tuer lorsqu'on utilise un vélib'. Autant dire rien. Et pourtant, nos deux journaux qui n'aiment visiblement pas les vélos (ou ce qui change les habitudes) s'en émeuvent.
Et pendant ce temps, combien de morts en motos ? Pourquoi ne pas titrer sur ce nombre, bien plus impressionnant (38% des morts de la route à Paris en 2007) ? Les journalistes s'exclament. Et pourtant, les chiffres sont parlants, et mériteraient une réorientation de l'info : ce sont les utilisateurs de deux-roues motorisés qu'il faut sensibiliser. Ils représentent 53% des victimes d'accidents en 2007, blessés et décès confondus (1), alors que les cyclistes ne sont que 7% des touchés (Piétons = 22%, Quatre-roues = 18%). Ainsi, on voit bien qu'il est moins dangereux de circuler à vélo qu'en moto, à pied ou en voiture !
Alors, évidemment, les trois morts auraient probablement pu être évitées. Notamment si ces cyclistes avaient été informés du problème des angles morts chez les poids lourds et bus. Notamment si chaque cycliste suivait une formation, comme celles que propose Voiture & co, pour mieux appréhender l'usage du vélo en ville. Notamment si les vélos avaient leurs voies réservées partout. Mais est-ce vraiment la priorité en matière de sécurité routière ? Et pourrait-on aménager Paris en divisant ainsi l'espace, qui y manque déjà ?
Il n'en reste d'ailleurs pas moins que les principales causes
d'accidents mortels, à Paris comme ailleurs, sont les véhicules à
moteurs, pas les vélos et les piétons. Une collision entre deux piétons n'a jamais tué personne ! Les voitures et camions sont
surdimensionnés pour la ville : a-t-on réellement besoin de pouvoir
rouler à 180 km/h lorsque la moyenne en ville est de 15 km/h ? A-t-on
vraiment besoin de livrer avec des poids lourds à moitié vides, alors qu'on sait
désormais le faire en tricycles ? C'est plutôt ici qu'il faudrait
chercher les causes de ces morts inutiles. Nous avons trop tendance à
l'oublier, mais s'il n'y avait que des vélos, marcheurs, trottinettes,
rollers et autres véhicules à énergie de propulsion d'origine
musculaire, il n'y aurait plus d'accidents mortels de déplacements !
(1) Chiffres Mairie de Paris et Préfecture de Police de Paris
Trouvez ici quelques bons conseils pour les cyclistes en ville