Ce que j'aime avec la bande-dessinée, c'est cette formidable capacité qu'ont certains auteurs à illustrer d'un simple trait une multitude d'informations, tout en transmettant de l'émotion, du rire, de la tendresse et, même, de la réflexion sur la société dans laquelle nous vivons. Dans cette catégorie, "Autobio" de Cyril Pedrosa est mon dernier coup de coeur, de ceux qui donnent envie d'en acheter un stock pour les offrir à tous vos amis. L'histoire, tracée à coups de planches d'une ou deux pages, d'un couple de jeunes péri-urbains, avec deux enfants et un chat (appelé Sardine), empêtrés dans leurs contradictions de citadins occidentaux désireux d'écologie au quotidien ET simultanément de confort moderne facile.
Le personnage principal, l'auteur lui-même probablement, tente de mettre en oeuvre ses convictions, pour qu'elles ne soient pas que des mots. Il inscrit son plus grand enfant dans une école Freinet, qui l'horripile par moment et qu'il qualifie de Kibboutz, et son plus jeune dans l'école sise au milieu de la cité du coin, se sentant alors "vraiment de gauche, pas juste dans le discours..." Au prix d'une grande frayeur.
Les gestes du quotidien ne sont pas plus simples. Comment concilier gueule de bois et désherbage sans utiliser de Destructor, plein de produits chimiques dégueulasses, mais terriblement plus rapide que l'arrachage manuel à quatre pattes dans le jardin ? Faut-il enlever les bouchons des bouteilles en plastiques dans le bac de tri ? Et peut-on s'offrir des framboises du Chili à la mangue de Madagascar en dessert, sans l'avoir sur l'estomac de la mauvaise conscience ?
Pour l'écolo que je suis, Autobio est une parfaite illustration de multiples situations vécues, et d'autres imaginées. Sans parler des planches sur les interminables réunions entre écolos ou parents d'élèves, pendant lesquelles on vote à mains levées pour savoir si on votera à bulletins secrets, et autres interminables discussions autour de statuts d'associations. "La révolution est en marche", mais elle a adopté un tempo... lent. En tout cas, à la lecture de l'album de Cyril Pedrosa, on est à la fois Mort de Rire et on enchaîne lots of laugh. Du deux en un, en somme.
PS pour l'éditeur, Fluide glacial : on aurait apprécié qu'Autobio soit imprimé avec le label imprim'vert !