Ce 12 décembre, l'affiche de la Flèche d'or est alléchante. A l'occasion de la soirée de lancement de l'album de 21 Love Hotel, autrement dit une CD Release Party (sic), le groupe a invité trois combos prometteurs de la scène alternative française.
Pour débuter, Jason Edwards se présente en formation élargie à cinq musiciens et choriste. Le bluesman américain, adopté par la famille disfonctionnelle du label Kill The DJ, dispose d'une petite demi-heure pour dérouler des titres d'une beauté incontestable, mais qui manquent d'airs mémorisables. A l'exception de l'incroyable « Codeïne », chef d'oeuvre après lequel il risque de courir toute sa vie, et dont il livre ici une version allongée et rapeuse, un sax baryton venant se frotter aux cordes vocales usées du chanteur.
Peu après, les Parisiens de Go Go Charlton prennent place sur scène. Leur pop rock, mélange d'influences eighties entre les Smiths et New Order, est d'un très bon niveau. Les morceaux s'enchaînent, alternant les chanteurs et les rythmes. On a souvent envie de taper du pied, de se dandiner et de siffler (lorsqu'on sait) pour exprimer son plaisir. La prestation des Go Go est de bonne facture, même si le chant en anglais est gâché par l'accent franchouillard de deux des chanteurs, à la limite du hors-jeu.
Troisième groupe à se produire, la tête d'affiche 21 Love Hotel apparaît devant un public conquis. Très rapidement, la chanteuse à la voix éraillée et haut perchée se lance dans des mélodies faites d'onomatopées qui s'avèrent assez vite barbantes, mais susceptibles de plaire aux amateurs de Kate Bush et d'ambiances de films sombres. En conclusion du set, leur reprise de « The Mercy Seat » de Nick Cave est d'une telle qualité que cela rattrape le reste du concert et nous laisse un souvenir difficile à effacer. Le premier véritable sommet de la soirée.
Enfin, ce sont les Delano Orchestra qui cloturent la soirée, alors que les clubbers commencent à affluer dans la salle en attente de la nuit qui doit suivre. La musique tout en douceur des Clermontois a parfois du mal à couvrir le bruit des conversations du public. Pourtant, rejoignant le noyau de fidèles, les spectateurs venus pour des BPM en masse se laissent peu à peu conquérir par ces morceaux à la violence -pas toujours- retenue, d'une sensibilité touchante et d'une écriture délicate. Seul petit défaut : plusieurs musiciens ne jouent que par intermittence, le volume s'emporte alors brièvement, et le reste du temps ils ont l'air de s'ennuyer profondément. Cette remarque mise à part, The Delano Orchestra remporte la palme du meilleur concert de la soirée et probablement du trimestre entier !
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