La question du partage de l'espace public est dans les esprits et les discours de tous à l'occasion de chaque élection municipale. Et puis, une fois l'élection passée, les débats se poursuivent entre possesseurs d'automobiles, qui voudraient tous avoir une place de stationnement garantie au pied de leur immeuble (et si possible gratuite), et d'autres qui réclament un meilleur partage de l'espace urbain collectif. Dans cette catégorie, plusieurs acteurs ont lancé des initiatives proches.
En mai dernier, à Paris, c'était I Park Art qui réquisionnait des places de parkings pour les transformer en galeries d'art éphémères. Pas illicitement, mais simplement en détournant le réglement, comme le précisent les organisateurs : "L’élément de base est l’utilisation d'un parking payant de stationnement: en effet à travers le paiement on stipule un contrat de logement qui prévoit un accord d'occupation temporaire d’une partie précise du lieu public, autrefois utilisé comme un parking auto, mais pour lequel la règle ne déclare pas précisément ce que doit être “l’object” garé." Une opération qui aura lieu à Besançon le 25 septembre et à Marseille le 30 du même mois !
Une idée que nous avions déjà développé au lancement de notre livre "Les transports, la planète et le citoyen", en privatisant une place de stationnement pour la transformer en garde meuble éphémère. Nous voulions montrer le paradoxe d'un prix subventionné pour le stationnement résidentiel (0,5€/jour à Paris). Ainsi, il est très peu cher de stocker un objet privé à quatre roues (une voiture), alors que cela concerne de moins en moins d'habitants. Dans le même temps, le stockage de livres, meubles ou autres objets privés coûte beaucoup plus (que ce soit en appartement ou en box), alors que tout le monde est concerné...
Aujourd'hui et demain, ce sont des jardins qui poussent dans les rues de plusieurs villes de France, à l'initiative de Park(ing) Day, une idée importée de San Francisco, où elle est née en 2005. Le concept est le même, l'occupation d'une ou plusieurs places de stationnement de surface pour les transformer en jardins éphémères. Quelques jolies images d'habitants souriants viennent nous confirmer qu'il vaut mieux un jardin, même de 8m², qu'une place de parking pour rendre une ville agréable. Avec une mention toute spéciale aux Lillois, qui ont créé un véritable jardin urbain, séparé de la circulation par un mur en bois découpé en forme de voiture. Une forme d'art !
Et puis, parfois, un maire-adjoint pousse ce raisonnement plus loin, et transforme une quatre voies urbaines en deux voies, et aménage l'espace regagné en larges trottoirs, avec des arbres majestueux et des carrés de verdure autour. Aussitôt, la vitesse des voitures diminue, et les enfants envahissent les rues qu'ils peuvent à nouveau occuper sans -trop- de risques. Même les oiseaux se réapproprient l'espace. Espérons que ces différentes initiatives donneront des idées à d'autres élus !
Photo de l'avenue Jean-Jaurès par Frédéric Malher