"Gloss drop" des Battles : une musique de grands malades. Et géniaux !

"Les Battles, c'est des grands malades" m'a dit mon meilleur ami, après avoir écouté "Gloss Drop", le dernier album des Anglais. Un compliment à mes yeux, puisqu'il en avait dit de même d'Amon Tobin il y a quelques années (pour en devenir fan par la suite). Mais l'expression va assez bien pour qualifier cette musique qui part dans tous les sens, mélangeant électro, rock et jazz, tout en gardant clairement une direction en tête : celle de nous vriller le cerveau !

Jusqu'à présent,  alors que je ne connaissais qu'un titre d'eux, j'arborais fièrement mon T-Shirt vert des Battles au graphisme improbable. Et puis, j'ai entendu la session réalisée par la Blogothèque dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris, un endroit que je fréquente assez régulièrement. La magie du lieu conjugué à une musique totalement décalée , ainsi que la qualité de réalisation, m'ont scotché. Pas à mon fauteuil, tellement mes pieds réclamaient de bouger dans tous les sens. Mais intellectuellement parlant.

Battles | Wall Street | (A Take Away Show)

Alors, j'ai profité de ce que Warp France ait ses bureaux à deux immeubles du mien pour aller leur taxer un exemplaire de "Gloss Drop". J'ai bien fait. Mes pieds me remercient. Ainsi que le reste de mon corps, incapable de rester en place à l'écoute de ce second album des Anglais, probablement l'un des grands moments de l'année 2011.

La tension, digne d'un western, est palpable dès "Africastle", qui ouvre le disque. On sent la poussière se lever sous le pas des musiciens, qui attendent l'affrontement. Les murs du saloon tremblent. Le bruit des pas fait peu à peu place à une cavalerie en furie qui envahit toute la ville : l'ambiance monte peu à peu pour arriver à un paroxysme de mélange de guitares, claviers et batteries. Puis la tension retombe, les nerfs sont moins à vifs, la nuit avance. Chacun rentre chez soi, la bataille ayant été évitée de peu.

Le reste de "Gloss Drop" est de la même verve, un enchevêtrement de multiples sons, qui n'ont pas l'air d'aller du tout ensemble, et qui, pourtant, sonnent de manière parfaite. On a souvent l'impression que chacun des trois musiciens joue dans son coin, sans vraiment tenir compte des partitions (?) des deux autres. Mais, en fait, tout tombe pile quand il faut. Certains qualifient celà de Math rock, je parlerai plutôt de génie absolu !

Heureusement pour les néophytes, quelques plages plus simples d'accès permettent de s'accoutumer à l'univers des Battles. Le meilleur exemple est le titre "Ice Cream", qui accueille Mathias Aguayo au chant, et qui pourrait même figurer dans un classement des meilleures ventes d'un disquaire (pointu, tout de même). Ainsi, tout le monde pourra désormais porter avec fierté le sac "I have Battles in my life" !