Toutes mes expériences le montrent : on ne change pas ses habitudes sans y être contraint. Cela se retrouve en matière de transport comme en matière de dérèglement climatique.
Dernièrement, la contrainte a fait naître une belle innovation. Confronté à la RATP qui lui interdisait d'utiliser son fond de carte, Benjamin Suchar, créateur de CheckMyMetro!, a lancé un concours de création de cartes en creative commons. Résultat, plus d'une centaine de propositions, très riches, et qui permettent de découvrir de multiples façons de voir le réseau de métro parisien (et de voir qu'on peut représenter de manières très différentes une même réalité !).
Outre leur mise à disposition de tous gratuitement, qui encouragera probablement d'autres belles innovations,
ces cartes permettent en outre de voir certaines absurdités du système, comme le zonage, qui ne correspond à rien, si ce n'est la chronologie de construction du réseau. Sur la carte ci-dessous, à échelle réelle, on constate que la gare de Villejuif Louis Aragon est
en zone 1, alors que la gare de Vitry sur Seine est en zone 3, bien qu'elle est pourtant plus proche du centre parisien, épicentre de ce zonage. Et ne parlons pas de la station de La Défense, ou selon que vous arrivez par le RER ou le métro, vous êtes en zone 3 ou 2 !
Cela plaide pour la fin du zonage, au profit d'une facturation à la distance parcourue, une autre innovation possible.
A partir de cet exemple, revenons à nos sujets de départ, les transports et le dérèglement climatique. "Pourquoi abandonnerais-je ma voiture si j'ai toujours la possibilité de l'utiliser ?" nous répondaient en masse les interviewés dans le cadre des Plans de Déplacements d'Entreprises que nous réalisions chez Mobility+. C'est uniquement lorsqu'il fallait changer, parce que le parking avait disparu au profit d'un nouvel entrepôt ou parce que les véhicules de fonction avaient été remplacés par des véhicules de services et des tickets de bus, que nous arrivions à provoquer une véritable créativité pour pallier à cette nouvelle situation.
De même, le dérèglement climatique qui nous pend au nez est un phénomène bien trop vaste pour que chacun puisse le constater et donc qu'il vive l'obligation de changer son comportement pour s'adapter à la nouvelle donne. Ici, c'est même encore plus compliqué, puisqu'il s'agit d'anticiper une contrainte dont personne n'arrive vraiment à imaginer les contours.
Bref, tout cela plaide pour que ceux qui en ont le pouvoir crééent de la contrainte, pour obtenir du changement !
