De prime abord, le disque de Puro Instinct ne nous disait rien qui vaille. Que ce soit la pochette à la David Hamilton, avec deux jeunes et jolies femmes posant lascivement en jupes courtes et bustiers affriolants. Ou le premier single « Lost at Sea », bien évanescent et plat comme les groupes d'adolescentes type Au Revoir Simone savent les faire. Donc, nous avons tout d'abord cru à une nouvelle idylle de critiques masculins en manque de féminité dans le rock, et qui s'amourachent systématiquement de n'importe quelle nymphette qui sort un disque classé « indé », qu'importe fût la qualité réelle de la musique s'y trouvant.
D'ailleurs, après deux titres, la première impression n'était pas levée. « Everybody's Sick » et le précité « Lost at Sea » n'ayant pas permis la libération d'une autre appréciation. Oui, mais voilà, passés quelques chansons, nous nous surprenons à taper du pied, balancer des épaules et chantonner des airs jamais entendus. Nous entrons totalement dans le jeu, oubliant aussitôt la beauté éphémère des deux membres du groupe, à l'inverse des Au Revoir Simone, dont nous n'avions jamais réussi à dépasser, au profit de leur musique, l'appréciation de leurs poitrines délicatement dessinées sous leurs flanelles légères.
Les claviers, guitares rock à souhait, samples intelligemment glissés deci-delà, les ambiances shoegaze, quasiment tout est bon. L'univers des Puro Instinct se révèle au fur et à mesure qu'« Headbangers In Ecstasy » enchaîne les titres. Et ce qui mériterait d'être relevé, épicé, un peu chahuté et qui reste trop sage, est mis sur le compte de la jeunesse (nous aussi, à 16 ans, écoutions la twee pop des groupes de Sarah Records en nous tordant d'une douleur tourmentée par des sentiments naissants et incontrôlés).
Disons-le tout de go, nous voici définitivement passés du côté obscur de la force, celui qui se permet d'aimer des jeunes adolescentes aux claviers luminescents sans rougir de honte ni cacher leurs photos dans les toilettes. Non, nous apprécions Puro Instinct parce que c'est bon pour les oreilles bien plus que pour les yeux, qui se ferment d'autant plus volontiers qu'ils nous permettent d'apprécier le son à sa juste valeur. Et nous nous voyons donc obligés de retirer tout le mal(e) que nous avons écrit à propos des critiques dans les premières lignes de ce billet...