Cet article a été publié dans Challenges et peut être lu ici.
Par Héloïse Bolle
Au delà des taxis qui critiquent son déploiement, le service de location automobile en libre-service mis en place par Bolloré, la ville de Paris et 45 autres communes d'Ile-de-France fait concurrence à d'autres système d'auto-partage. Tour d'horizon.
Le coup d’envoi d’Autolib’ a été donné ce lundi. 180 stations des véhicules électriques en libre-service ont déjà été déployées dans Paris intra-muros, et d’ici mai 2012 on devrait compter 1.200 stations en région parisienne.
Il s’agit d’une entrée en force dans Paris intra-muros, quand on sait que le principal acteur d’autopartage, qui réunit Caisse-Commune et Mobizen, comptabilise une centaine d’emplacements dans Paris. Et si leur service diffère quelque peu, il existe plusieurs solutions alternatives à Autolib’.
Pour commencer, deux services d’autopartage. Le principe : la même automobile sert à plusieurs personnes. L’utilisateur réserve une voiture (souvent sur internet) et va la retirer seul dans un parking (souterrain ou non), s’en sert un nombre d’heures défini et la ramène dans le même parking. Contrairement à Autolib’, le service est souvent utilisé pour trois ou quatre heures minimum (le temps d’un dîner ou d’un aller-retour chez le spécialiste suédois du meuble en kit).
-Mobizen et Caisse Commune, propriétés du groupe Transdev, ont fusionné le premier décembre dernier et mettent leur parc en commun, pour proposer une offre plus large aux abonnés. Les tarifs sont en train d’être harmonisés et revus "la plupart de nos clients les trouvaient difficiles à prévoir. Or ce n’est pas notre objectif, nous ne voulons pas qu’ils aient de mauvaises surprises", explique Laure Douarre, directrice de Caisse Commune et Mobizen.
De même, le système d’abonnement (qui coûtait jusqu’ici 12 euros par mois) n’est plus obligatoire et on peut devenir utilisateur avec un seul droit d’entrée de 35 euros. Les deux services totalisent 5000 abonnés et 180 voitures. Surtout, ils sont "proches de l’équilibre", assure Laure Douarre.
-Avis on demand (ex-Okigo), lancé conjointement par Avis et Vinci Park, est aujourd’hui propriété à 100% d’Avis. L’entreprise compte 2.000 adhérents. Elle aussi est proche de l’équilibre. "Dans certaines stations, comme celle de l’hôtel de ville, nous atteignons déjà un meilleur chiffre d’affaires par voiture qu’avec une location classique", se félicite Jan Löning, président directeur général d’Avis France.
Les constructeurs automobiles
Constatant que les Français sans voiture étaient de plus en plus nombreux, mais qu’ils avaient tout de même des besoins, les constructeurs s’y sont mis aussi.
-Avec le service Mu, Peugeot propose dans de nombreuses concessions des véhicules en location de courte durée. A ce jour le service, qui fêtera ses deux ans ces jours-ci, comptabilise 10.000 clients actifs (qui ont fait appel à Mu au moins deux fois), contre 5600 il y a un an.
-Smart, avec son car-2-go, a déjà équipé Vienne Hamburg, Amsterdam, San Diego et Lyon.
Les services associatifs
Enfin, plus récemment débarqués sur le marché, des services mettent en relation des particuliers qui n’utilisent pas beaucoup leur voiture, et d’autres qui cherchent à en louer une. Ce système a l’avantage d’être disponible même dans les zones résidentielles les moins denses, où les services d’autopartage ne sont pas présents car les clients potentiels sont trop peu nombreux. La facturation se fait soit sous forme d’abonnement, soit à l’utilisation.
-Voiturelib, qui vient de fêter ses un an, revendique déjà 18000 membres, 2000 voitures actives et 600 locations par mois.
-Buzzcar, lancé en juin dernier par Robin Chase (fondatrice de Zipcar, service d’autopartage aux Etats-Unis) et Mobivia groupe (Norauto, Midas etc ;). Le système fonctionne avec des smartphones qui permettent d’attester, photos à l’appui, de l’état du véhicule avant et après son utilisation. Pour le moment l’entreprise ne communique pas sur le nombre de locations effectives mais elle recense 1.300 voitures et 3.000 conducteurs.
"Les propriétaires ont à peu près le même âge et le même profil que les locataires", affirme Robin Chase. "Ce que je n’arrive pas à m’expliquer, c’est que 80% des inscrits, qu’ils soient propriétaires ou locataires, sont des hommes".
- Cityzen car, lancé début mai par Nicolas Le Douarec, David laval et Guillaume Vankerrebroeck, trois anciens de Mobizen, compte 1650 voitures dans 700 communes, et totalise une moyenne de deux locations par jour et une centaine d’abonnés payants. "Bien sûr, pour le moment, c’est anecdotique, explique Nicolas le Douarec, mais nous démarrons" !
Le marché existe : à Paris, plus d’un foyer sur deux n’a pas de voiture. Plus étonnant, interrogés par le spécialiste des mobilités Ludovic Bu, beaucoup d’habitants de rase campagne, qui ont souvent un parc automobile plus important, se sont montrés intéressés.
Héloïse Bolle