Une chronique rédigée par Maude Locko
Amateurs de films d’espionnage type 007 ou "entertainment" : passez votre chemin ! « La taupe », ou « Tinker, Tailor, Soldier, Spy » en version originale, est de la trempe des "autres" films du genre. Ceux où l’atmosphère et les personnages sont d’un réalisme familier et où l’action deviez presque secondaire.
Tout commence dans le Londres des années 70. 1973 exactement. En pleine guerre froide, au siège du service de Renseignements Londonien ou MI6, et plus précisément au coeur du cercle très fermé des dirigeants, le « circus ». Le patron, Control, suspecte depuis longtemps l’existence d’une taupe à la solde de Moscou au sein du circus. Il lance Jim Prideaux, un de ses « chasseurs de scalps », sur une piste brûlante à Budapest. Piste qui se trouve être un piège. Démis de son poste, Control emmène avec lui son bras droit Smiley qui reviendra quelques mois plus tard pour mener l’enquête et trouver la taupe qui s’avère bien réelle.
Vous ne saurez rien de plus par ma plume ! Si ce n’est qu’on a aimé retrouver Gary Oldman au sommet de son art. Blond fade, presque méconnaissable pendant les premières secondes, notre bon vieux Dracula campe à merveille Smiley, l’homme du chef, l’éternel second, ordinaire, préoccupé par sa vie conjugale, un homme un peu ennuyeux mais qui se révèle, au fur et à mesure que se déroule l’histoire, un héros plein de potentiel. Et c’est là tout l’intérêt du film on l’aura deviné.
« La taupe » nous rappelle de loin le très bon film « la vie des autres », avec au centre de l’intrigue un personnage à part entière : la suspicion. Mais la ressemblance est mince car le film qui nous occupe ne s’attarde guère sur les détails d’une époque pourtant pleine de ressorts dramatiques tout comme le roman de John Le Carré dont il est tiré. En effet au fond, et à quelques détails près, peu importe le contexte, l’important est ce qui se joue entre les dirigeants du Circus, surnommés Tinker, Tailor, Spy et Soldier par Control. L'ambition, la réputation, l'information et le pouvoir entrent en scène pour notre plus grand plaisir.
Servi par un casting remarquable avec Colin Firth, Tom Hardy, Toby Jones, Mark Strong et John Hurt et mené de main de maitre par le réalisateur danois Tomas Alfredson, "la Taupe" mérite amplement ses 3 nominations aux Oscars.
Un seul bémol qui n’en est pas un : on aurait aimé en savoir plus sur la Taupe, ce fameux agent double traqué par Smiley. Imaginé par John Le Carré d’après un personnage réel, la taupe ou plutôt les raisons de la trahison de celle-ci, sont à peine esquissées et restent pour nous, comme pour Smiley, un véritable mystère obsédant…