Mo'Fo, le plus petit des grands festivals, comme il aime à s'appeler, a beau se dérouler de l'autre côté du périphérique (St Ouen, dans le 9-3), il est quasi indispensable de s'y rendre. Tout simplement parce qu'on peut y découvrir les grands de demain dans un cadre quasi intime. Le festival dure 3 jours, mais cette année, je n'en couvre qu'un : le dimanche.
Deux scènes, des stands de labels sympathiques, un espace showcase où jouent de valeureux groupes, des bières à pas cher (avec un gobelet consigné), une webtv qui retransmet les concerts en direct, et même un atelier de masques pour enfants animé par l'un des groupes de la programmation, tout est fait pour qu'on vienne en nombre, si ce n'est en famille.
Ce dimanche, ça commence par les Haight Ashbury, qui portent parfaitement leur nom, tellement ils rejouent les années hippie. Trio, deux voix, quelques instruments à cordes (sitar, guitare électrique, basse du même calibre), une grosse caisse et une caisse claire. Harmonies à deux voix sur toutes les chansons, calibrées pour planer et arrangées pour hindouiser. Au bout de quelques morceaux, nous quittons la salle, pas convaincus.
Pour nous retrouver juste à côté, face à quatre drôles de lapins, qui jouent une électro planante qui serait parfaite pour accompagner des comptes pour enfants pleins de lutins, d'esprits malins et de rêves cotonneux. Mais des comptes un peu sombres, remplis d'ironie et de cadavres pas forcément dans les placards. Sleep Party People, que ca s'appelle.
S'ensuit le déjà vu et toujours attendu Matt Elliott (aka Third Eye Foundation). "Drinking Songs", l'un de ses albums fait partie de mon top 10 pour soirées apaisées. Pas de mauvaise surprise ce soir : seul sur scène, Matt Elliott enchaîne les titres, tous plus beaux les uns que les autres. Jouant avec les multiples couches qu'il enregistre au fur et à mesure du déroulé des chansons, l'écossais réussi à instiller la grâce, la mélancolie, tout le malheur du monde et la beauté dans des morceaux portés à leur paroxysme. Tout cela sans même évoquer cette voix magnifique, entre Leonard Cohen et des chants des balkans. Grandiose. (Vous pouvez télécharger son dernier album pour seulement 2€ ici !)
Les Minors, qui succèdent à Matt Elliott, ne lui arrivent pas à la cheville. Ils ont beau être six sur scène, leur son ne décolle pas. Et puis, ils donnent plus l'impression d'être en répèt que devant un public... Peut mieux faire.
On est content de pouvoir découvrir Don Nino, dont on a lu et entendu beaucoup de bien. Effectivement, le Français offre un rock de bonne facture. Les mélodies tiennent la route, le mélange des instruments est réussi, ca change de ce que nous avons entendu jusque là ! Rien de miraculeux, mais de bon niveau, en effet.
Tender Forever se lance devant un public en grande partie conquis. D'entrée de jeu, Melanie (aka Tender Forever) nous annonce que le concert va être bien, vu qu'elle a pris des stéroïdes ! En tout cas, elle a la pêche, saute dans tous les sens, sort totalement essouflée de chacun de ses morceaux électro-pop très accrocheurs. Et entre chacun, elle raconte des petites histoires, fait des commentaires acido-drolatiques (qui font beaucoup rire la salle), montre une photo de son frère et des petits films. Un show total, mais totalement dans l'esprit Lo-Fi du festival, fait avec des bouts de ficelles.
Étrange transition avec l'univers mystique de Farewell Poetry. Sept musiciens inspirés jouent une pop gothique, où fantômes, morts, rêves et érotisme se mêlent de fort belle manière. Tout cela sans parler de ce climat, qui s'installe peu à peu, d'un début de morceau tout en douceur jusqu'à une explosion totale dans un quasi mur de son, à la manière du meilleur de Mogwai. Une très belle manière de finir la soirée.