NB : L'idée de ce papier n'est pas de pointer un label qui tente de s'en sortir, comme les autres, mais de montrer à travers cet exemple comment une solution peut amener au résultat inverse de celui attendu. Et si je prends Mute en exemple, c'est simplement que les disques qui sortent chez eux méritent pour la plupart d'être entendus. Et c'est dommage lorsqu'ils ne le sont pas (ou pas assez).
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Le fameux label anglais Mute, découvreur de talents comme Depeche Mode, est soumis, comme tout le secteur du disque, au défi de la transition vers le numérique et de l'homérique tentative de lutter contre le piratage. Et, probablement tant pour faire des économies que pour éviter les fuites, le label n'envoie plus systématiquement des disques à ceux qui souhaitent en faire les chroniques. A la place, et par le biais d'un processus nécessitant l'installation d'un logiciel ne marchant pas à tous les coups, il propose des fichiers mp3 watermarqués (traçables). Méfiance, quand tu nous tiens...
Voilà ce qui se passe lorsqu'on veut faire des économies de bout de chandelles en se méfiant de ses relais d'influence : tout heureux de recevoir les nouveaux albums de Yann Tiersen, Nick Cave (sous le patronyme Grinderman) ou de son comparse Mick Harvey, ainsi que de découvrir les légendaires Can, j'ai soigneusement rangé les fichiers mp3 dans mon ordinateur. Où je les ai oubliés... Alors que les bons vieux CD, eux, ressortent toujours rapidement de la pile de nouveautés à écouter !
Un an plus tard, au gré d'une recherche sur tout autre chose, je suis retombé sur ce qui n'était plus tout à fait neuf pour les disquaires. Et quel ne fut mon plaisir de remplir mes oreilles des guitares énervées et rock d'un Nick Cave délicatement rugueux. Quelle ne fut ma surprise d'entendre un Yann Tiersen rock et chantant, très loin de l'univers multi-instrumentiste précieux auquel je le collais abusivement (j'ai d'ailleurs depuis acheté deux autres albums, tout aussi bons). Quelle ne fut ma joie de me laisser entraîner par les ballades mélancoliques de Mick Harvey. Et quelle ne fut ma déception de me rendre compte qu'on ne m'avait donné accès qu'au disque bonus et live de Can, ne proposant que de très longues et ennuyeuses versions de titres de rock psychédélique barbant.
Bref, trois très bons disques que j'ai failli ne jamais écouter et qui auraient pu ne jamais se retrouver chroniqués sur ce site. Pour que cela ne se reproduise pas, je les ai désormais gravés sur un bon vieux support physique... CD will never die ?