Le Forum Vies Mobiles, Institut de recherche et d’échanges créé par la SNCF, dont je suis membre du comité, lance un appel à contribution pour les 2ème Rencontres Internationales, qui auront lieu à la Maison Rouge, les 24 et 25 janvier 2013.
Des mobilités durables dans le périurbain, est-ce possible ?
Quels modes de vie dans l’alter-urbain/suburban-rural/citta diffusa/Zwischenstadt ?
Le périurbain est devenu progressivement depuis une quarantaine d’années un référentiel principal de la vie urbaine. L’étalement et l’émiettement urbain, les modes de vie liés à l’automobile et un rapport discontinu, voire inexistant, à l’espace urbain dense et aux nouvelles centralités périphériques se traduisent par une double dynamique de dispersion spatiale d’une part et de densification des espaces intermédiaires d’autre part. Les lieux du périurbain dominent, tant dans leur extension spatiale que dans les discours sur la métropolisation et les systèmes métropolitains. De fait, la vie périurbaine a imposé ses modalités, ses normes, ses pratiques : modes et lieux de consommation, contraintes de mobilité, référentiels sociaux et familiaux, mode d’habiter, expression politique, modalités de gouvernance, production culturelle et sociale.
On ne pourra pas freiner la dilution urbaine par la seule énonciation de principes de durabilité et attendre un renchérissement du coût énergétique des déplacements. C’est pourquoi les recherches sur la nature et le sens de ces espaces périurbains, connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt, sans doute en relation avec les interrogations sur sa durabilité et/ou sa soutenabilité, mais aussi par la diversification de ses formes, des pratiques qui s’y dessinent et des processus qui mettent ces espaces en tension et les font évoluer rapidement.
Dans ce contexte global, les clichés sur le périurbain comme non lieu, anti-urbain ou continuum périphérique soumis à une vision caricaturale de l’informe et de l’uniformité généralisée n’ont-ils pas vécus ?
Parmi les processus évolutifs, le changement social et économique n’est pas le moindre : déclin du monde ouvrier, gentrification versus paupérisation, vieillissement, chômage, accroissement des polarisations sociales (effet-club et/ou diversification des strates sociales et générationnelles) en partie orientées par les dynamiques immobilières et foncières. Ces tensions sociales affecteraient plus intensément et plus finement les espaces périurbains dans leurs composantes résidentielles, indurant et ancrant les inégalités, questionnant fortement leur capacité de mutation.
C’est dans ce champ du changement social et des modes de vie périurbains et en périurbain que se situe cet appel à communication, plus particulièrement observés par le prisme des mobilités et ce à travers des exemples pris à travers le monde, dans le Nord comme dans le Sud.
Il se décline autour de cinq thèmes :
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Thème 1 : Choix résidentiels et choix de mobilité aux différents âges de la vie
Comment se font les arbitrages entre choix résidentiel et choix de mobilité ? Participent-ils d’une induration des inégalités et de la ségrégation ? Quel est le poids relatif des logiques de reproduction sociale et des nouvelles polarisations ? Les espaces périurbains, même les plus en marge, ne sont-ils que des périphéries résidentielles absorbantes ? Quels sont les impacts sur l’espace des parcours des ménages (divorce, concubinage, familles monoparentales…), du vécu de l’adolescence, de la décohabitation des jeunes (les enfants d’exurbains choisissant de s’installer dans l’espace environnant venant nourrir ce périurbain…), du rôle croissant des retraités (des retraités décident de se relocaliser dans un gros bourg ou une petite ville de ce même espace qu’ils ont appris à connaître et dans lequel ils sont reconnus) ? Comment les modes de vie s’adaptent aux spécificités de ces espaces – entre stratégies, tactiques et ajustements progressifs ?
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Thème 2 : Accessibilité et choix résidentiels
Quel rôle joue l’accessibilité dans les choix résidentiels ? Les pratiques de mobilité ne dessinent-elles pas des ajustements, des réorganisations dans les navettes domicile-travail mais sûrement aussi dans le hors-travail (loisirs, rapports aux espaces ouverts et aux paysages, liens sociaux, implications locales…) en fonction d’une accessibilité différenciée, des modes de déplacements utilisés, des distances parcourues ? Quel est l’impact des réorganisations et des reconfigurations en matière d’offre d’emplois et de services ? Observe-t-on une affirmation de centralités en périurbain ou la multiplication des polarités offrant une proximité diffuse, voire l’émergence de micro-centralités parfois temporaires (marchés, commerces ambulants…) induisant de nouvelles formes de mobilité ?
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Thème 3 : Modes de vie périurbains et ressources énergétiques
Comment cet homoperiurbanus réagit-il face au risque de raréfaction des ressources énergétiques et à l’augmentation des coûts d’accès à celles-ci ? Un sevrage automobile est-il possible dans ces espaces pourtant d’abord et avant tout pensés et structurés par et pour elle ? Quelles différences observe-t-on selon les groupes sociaux et les niveaux de revenus ? En particulier, les ménages les plus pauvres développent-ils des stratégies et/ou des tactiques spécifiques pour faire face à l’augmentation du prix de l’énergie ? Il convient d’approcher davantage la quotidienneté qui s'exprime dans ces espaces de faibles densités et/ou de densités dispersées face aux contraintes imposées par le changement des rapports à l’énergie et à l’environnement, ainsi qu’à la dureté économique des temps et aux injonctions et réglementations publiques.
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Thème 4 : Périurbain et diversité des espaces
Les hauts lieux du périurbain où se sédimentent des pratiques, du lien social, de l’ancrage ne participent-ils pas à donner du sens et à accorder de la valeur à ces espaces ; bref à fabriquer une autre figure, plus complexe et au combien plus stimulante, des territoires périurbains, à côté et non seulement concurremment à la ville dense et diversifiée ? D’un confort spatial, ces espaces, dans leur diversification, ne tendraient-ils pas à acquérir un confort social ? Chaque espace périurbain, selon son substrat, le bassin d’emploi dans lequel il s’inscrit, les qualités paysagères, sa desserte, n'entre-t-il pas dans une dynamique renouvelée de mutations et de reconfigurations, parfois encore diffuses ?
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Thème 5 : Périurbain et diversité des modes de vie
Les choix modaux sont-ils si contraints par l’usage de l’automobile ? Quels rôles peuvent jouer les technologies de l’information et de la communication dans les manières de vivre en périurbain et de faire périurbain ? Les logiques de mise à distances, combinées aux effets des réseaux, des images et des politiques publiques localisées, réorganisent en profondeur ce tissu hybride sur des bases de moins en moins redevables de la seule logique centre-périphérie. Il semble que les programmes d’activités des individus s’inscrivent dans des configurations spatiales de plus en plus complexes et diversifiées, pour lesquelles le lieu de travail n’est plus aussi structurant. Quel est le lien des habitants des espaces de l’urbain diffus avec leur lieu d’habitation ? En quoi les effets de genre, d’âge, de position sociale jouent sur ces ancrages ?
Comité scientifique :
- Lionel Rougé : Chercheur au CNRS et Maître de conférence en géographie, urbanisme et aménagement à l'Université de Caen-Basse Normandie.
- Marie-Flore Mattei : Rédactrice en chef des Annales de la Recherche Urbaine et secrétaire du Conseil Scientifique. Chargée de mission au PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture)
- Vincent Kaufmann : directeur du laboratoire de Sociologie Urbaine de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (LaSUR-EPFL), secrétaire général de la Communauté d’études pour l’aménagement du territoire (CEAT) et professeur de sociologie et d’analyse des mobilités à l’EPFL.
Participation
Les résumés des propositions (700 à 1000 signes) sont à envoyer avant le 07 septembre 2012 à [email protected].
Doivent être précisés :
- le titre de la communication ;
- le thème de l’appel à contribution dans lequel elle se situe ;
- l'auteur/les auteurs
- l’appartenance institutionnelle
- les coordonnées : adresse, pays de résidence, numéro de téléphone, courriel.