
Le Phare de Ré : Quelle est votre spécialité et votre domaine de compétences ?
Ludovic Bu : Je travaille depuis vingt ans en tant qu’expert en mobilité durable. C’est-à-dire que j’accompagne les employeurs, les décideurs, les collectivités a élaborer des solutions de mobilité pour que les usagers n’aient pas à utiliser leur voiture. Ces solutions passent bien sûr par les transports publics, mais aussi par l’auto-partage ou le vélo-partage, le covoiturage.
Les illustrations en sont, par exemple, le Vélib à Paris ou tout le
réseau Yelo de La Rochelle, une offre finalement assez cohérente
puisqu’elle combine des transports publics, des vélos et des automobiles
en auto-partage.
Pourquoi ne pas faire simplement une conférence sur ces nouvelles solutions et avoir choisi d’axer le débat sur l’information ?
Parce qu’aujourd’hui, si des solutions existent, comme nous venons de le dire, je constate en revanche que les gens n’ont pas accès aux informations, ou quand ils y ont accès, ces informations sont rarement lisibles et compréhensibles.
Sur Internet, il est possible de préparer un trajet entre un point A et
un point B, en calculant ses temps de trajet, en trouvant des
correspondances entre un train, un bus, un opérateur de vélo en libre
circulation. Mais souvent, quand les usagers ont besoin d’une
information, ils ne sont pas devant leur ordinateur. Ils sont à
l’arrivée d’une gare, dans un centre-bourg.
Que préconisez-vous ? La mise à disposition de bornes d’information, d’ordinateurs pour le public ?
Un appel à un opérateur de transport public via un numéro vert (gratuit) me semble être la première des solutions. Encore faut-il avoir à l’autre bout du fil un conseiller formé en mobilité durable, qui sache identifier qui est son interlocuteur et quels sont ses besoins. Une personne âgée n’aura pas les même capacités à marcher pour se rendre à un endroit qu’une personne jeune.
Ensuite, l’information à laquelle on accède est souvent fragmentée. Il y a l’opérateur de transports publics, puis le loueur de vélos ou une offre de covoiturage, voire d’auto-partage par exemple. Le conseiller au téléphone devrait pouvoir avoir toutes les réponses à proposer.
La Rochelle est un bon exemple, puisque le réseau Yelo englobe différentes solutions complémentaires et cohérentes.
Est-ce qu’il faut apprendre aux usagers à mieux accéder aux informations ?
Non, ce sont aux opérateurs, aux collectivités de rendre l’information
lisible et compréhensible. Par exemple, les plans que l’on trouve un peu
partout dans les villes et les villages sont souvent parfaitement
illisibles. Il faut donner aux gens quelques points de repère simples et
gommer toutes les autres informations inutiles sur un plan. Tout le
monde a des difficultés à lire un plan en deux dimensions. Heureusement,
des plans en trois dimensions apparaissent. Ils mettent en avant des
monuments, des repères en relief : une église, une éolienne.
Pensez-vous que des solutions nouvelles soit envisageables et adaptables à l’île de Ré ?
Je ne connais pas bien ce territoire, mais il me paraît forcément très intéressant puisqu’il est contraint, limité, accessible par un pont, entrecoupé de marais… C’est un cas d’école.
Propos recueillis par Virginie Valadas