Lieu exceptionnel, artistes passionnants, label innovant. C’était le programme que nous proposait le label InFiné, accueilli cette année encore par Soirs d’été, le festival de la Carrière du Normandoux (Poitou). Revue d’effectif.
Ensuite, le concept. Tout au long de la saison touristique (qui amène des visiteurs dans les parages), Soirs d’été offre une programmation riche et variée. On passe de soirées tango à d’autres consacrées à la musique classique ou à la danse. Une manière de mettre en valeur à la fois la beauté des paysages alentours, à la fois la carrière qui serait sinon tombée dans l’oubli et à la fois des musiques qu’on présente trop peu dans nos campagnes.
Enfin, et pour la cinquième année consécutive, le label InFiné, monté par Agoria, est accueilli pour une résidence de ses jeunes pousses. Les Parisiens proposent une électronique très pointue et inventive, avec des artistes aussi excitants qu’Arandel, Mondkopf, Cubenx, Clara Moto ou encore Aufgang. Certains viennent passer quelques jours au Normandoux, magnifique manoir transformé en hôtel luxueux, et créent là une musique adaptée à la Carrière. D’autres profitent de rencontres entre artistes pour créer des œuvres inédites. Ce sera encore le cas cette année.
Ce soir, c’est James Taylor, hébergé par Mental
Groove, un label ami, qui ouvre le bal. Après avoir fait
danser les pistes du monde entier au sein du duo Swayzak, il
expérimente désormais en solo. La nuit tombe
progressivement lorsque son set débute. Les jeux de lumières
amplifient les failles de la carrière. La musique planante de
celui qui se fait désormais appeler Lugano Fell résonne
de toutes parts, s’incruste dans l’espace et impose un monde
plein de pénombre et de craquements. Et tout cela à
base de vieux disques vinyles classique samplés et triturés
en direct. Tout à fait dans l’esprit du lieu et parfaitement
jouissif.
Suivent Mondkopf, le jeune premier de la classe et son look sage, et Charlemagne Palestine, vieil excentrique repérable au premier regard tellement sa dégaine de vieux hippie US seventies dénote. La scène est nue côté Mondkopf, remplie de peluches chez l’autre. Au début du set, on sert deux verres de whisky à l’aîné. « Vieil ivrogne » ne peut-on s’empêcher de penser. Point du tout : il les transformera en instrument d’un premier morceau planant. S’ensuivront deux ou trois titres très longs et totalement hypnotisants, le psychédélisme noir et seventies de l’un se mariant totalement aux beats, nappes et accros sonores proposés par l’autre. Au bout d’un set semblant court mais absolument enthousiasmant, les deux artistes qui s’étaient rencontrés quelques jours plus tôt ont droit à une ovation amplement méritée !
Arandel ferme la marche. Il a pris place au milieu du lac avec ses machines, joliment éclairées. Derrière lui, des vidéos de Gabriel Desplanque sont projetées sur un écran qui semble mesurer plus de vingt mètres sur dix. Le tout est très prometteur, mais me déçoit finalement, la vidéo plaçant la musique d’Arandel en trop lointain second plan. Sans parler du fait que cette dernière n’était que trop de nappes sans mélodies et donc sans âme. D’autres autour de moi s’enthousiasment pourtant. Avis partagés, donc.
En attendant, il est certain qu’on se donnera rendez-vous l’an prochain, même lieu et peut-être en partie mêmes artistes. Un moment à ne pas rater !