"Chaque jour en France, onze personnes meurent dans l'un des soixante-quinze mille accidents de la route annuels. Des dizaines de milliers de polytraumatisés voient leur vie gâchée à jamais chaque année". C'est pour se révolter contre cela que Bertrand Parent a écrit "Un jour, sur la route j'ai tué un homme"*. Et aussi pour, enfin, vivre sa vie après avoir tenté si longtemps de se cacher sa réalité de meurtrier.
Car plus qu'un manifeste contre la violence routière, ce livre est un formidable témoignage d'un homme qui en a tué un autre vingt ans auparavant et qui a tenté de l'oublier pendant de trop longues années.
Ce livre décrit brillamment des souffrances inconnues de ceux qui n'y sont pas passé. Celle de la justice, trop clémente aux yeux des familles des victimes, et qui efface les casiers judiciaires alors que la mémoire, elle, est toujours meurtrie. Celle des médias, en recherche de titres sensationnalistes et qui font mal aux gens concernés. Celles des silences, au sein des familles, avec les amis, et qu'heureusement, parfois, la parole libère.
Ce livre est aussi un cri du coeur contre les petites tolérances de choses intolérables. Un cri contre ces élus, qui de peur de n'être réélus, proposent des mesures d'assouplissements, "plus de tolérance pour les petits excès de vitesse qui n'engendreront plus de perte de points". Plus de pertes de points mais des blessés graves supplémentaires ? Comment tolérer de la démagogie aussi mortifère, en effet ?
* Paru aux éditions Max Milo, qui reverse une partie des bénéfices de la vente de ce livre à la Ligue contre la violence routière.