Il y a deux semaines, j'étais à la une du site Mobilettre, pour parler de la nécessaire révolution du monde du stationnement. Le titre de l'interview, un peu provocateur, pose le cadre : parler de multimodalité et de lien entre transports et stationnement est bien. Mais ça ne suffira pas !
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Le groupe Vinci Park vient d’adhérer à l’Union des Transports
Publics (UTP). Est-ce le signe d’une révolution dans le monde très fermé du
stationnement ? Pour Ludovic
Bu Locko, directeur commercial, marketing et développement de
la SAEMES (deuxième opérateur de stationnement en Ile-de-France), même si c’est
un signal positif et malgré des expériences innovantes, le métier peine à
s’intégrer aux réflexions systémiques sur la mobilité.
MOBILETTRE. Comment
envisagez-vous les perspectives pour le stationnement en France dans les années
qui viennent ?
Ludovic Bu Locko. Il va devoir progressivement prendre en compte les nouvelles manières d’utiliser l’automobile, s’inscrire dans des logiques de chaînes de déplacement de plus en plus intermodales et multimodales, et s’adapter à la pression foncière et aux réglementations issues des règles d’urbanisme. Malgré tout, il semble que la révolution soit encore loin.
MOBILETTRE. Pourquoi ce
scepticisme?
L.B.L. Encore aujourd’hui, l’intermodalité et la multimodalité ne font pas partie de l’ADN du stationnement. Ce monde est encore très tourné vers l’automobile utilisée seule. C’est une culture qui ne date pas d’aujourd’hui et qui se fait également ressentir au niveau de la gouvernance. Le stationnement est encore bien souvent une compétence gérée à l’échelle communale, et par conséquent dépourvue de réflexion systémique en rapport avec l’offre de transports alternative ou régionale.
MOBILETTRE. Est-ce le marché
qui n’est pas prêt ? Les collectivités ?
Les opérateurs ?
L.B.L. Le marché se structure et évolue. Plusieurs acteurs majeurs le dominent. Parmi eux, Effia est une filiale à 100% du groupe Keolis, lui-même détenu à 70% par le groupe SNCF. Ce dernier a une stratégie claire : l’intégration verticale avec l’idée en tête de maîtriser l’ensemble de la chaîne de déplacement, stationnement compris. Vinci Park, autre acteur majeur, avait quant à lui choisi l’intégration horizontale : construire des parkings et les exploiter. Bien sûr, ces acteurs, et le marché dans son ensemble, tentent des expérimentations plus ou moins réussies avec des opérateurs de covoiturage, d’autopartage, de location de véhicules… Mais cela reste encore assez marginal.
MOBILETTRE. Et pourtant les acteurs majeurs du stationnement communiquent beaucoup sur leur disponibilité à opérer autrement…
L.B.L. Et ils communiquent bien, d’où le fait que l’on parle d’eux
aujourd’hui. Si l’adhésion de Vinci Park à l’UTP a été l’occasion de faire
parler de cet opérateur, c’est aussi sûrement une volonté de sa part de montrer
qu’il est prêt à avancer. L’important semble aujourd’hui de faire passer un
message aux collectivités. Celles-ci semblent encore peu à l’écoute, mais les
évolutions souhaitées dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation seront
peut-être de nature à les faire évoluer. On peut donc en conclure que la révolution
est doucement en marche…
Propos recueillis par Julien de Labaca