Dans le cadre du débat sur la transition énergétique, le conseil régional de Bourgogne a organisé, mardi 28 mai, une journée sur les enjeux des déplacements, que j'ai été invité à introduire. Le Bien Public retrace les grandes lignes de mon intervention à travers cet article. A lire ci-dessous ou ici.
Cet article est aussi lisible en cliquant sur l'image à droite.
--------------------------------------------------------------------------------------------
L’enjeu des déplacements dans la transition énergique. C’était le thème de la journée de réflexion organisée, ce mardi, au conseil régional, à Dijon, dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. Devant 160 participants, le premier intervenant, Ludovic Bu, consultant en mobilités durables, a rappelé la place des transports et de la mobilité dans la société à renfort de chiffres vraiment révélateurs. « Les transports, les déplacements, c’est 32 % de la consommation totale d’énergie en France d’où l’importance d’agir », a expliqué le co-auteur de Les transports, la planète et le citoyen (Ed. Rue de l’échiquier). Le coût de la mobilité est croissant pour les ménages. Aujourd’hui, c’est un budget moyen de 5 000 € annuel, soit 15 % du budget total. Autre statistique : un accident de la route sur deux survient sur le chemin du travail.
En France, nous enregistrons 177 millions de déplacements locaux par jour (166 millions en 1984). « Cela s’explique par la démographie, mais aussi par le fait que les jeunes et les personnes plus âgées se déplacent plus qu’il y a 20 ans. Pourtant, de plus en plus de personnes vivent en zones urbaines, d’où un paradoxe », continue Ludovic Bu.
Développer la marche
La distance parcourue par jour est passée de 17 à 25 km entre 1982 et 2008. « En revanche, la durée moyenne du déplacement est quasi identique : 16 contre 18 minutes ». À noter que plus on se déplace vite, plus on va loin et plus il y a d’infrastructures, plus il y a de déplacements.
Le nombre de km d’autoroutes est passé de 5 300 en 1982 à 11 064 en 2008. Le TGV a été lancé dans les années 80…
Et la voiture ? On a un rapport particulier avec elle. « Nous avons tous une voiture dans la tête, le référentiel pour les déplacements, c’est elle et on a tous grandi avec. » Depuis 2005, son utilisation a diminué mais c’est encore 65 % des déplacements et 70 % de la distance parcourue. « C’est donc un enjeu majeur pour réussir la transition énergétique », a précisé Ludovic Bu. 70 % des foyers en avaient au moins une en 1982, c’était 81 % en 2008.
Derrière la voiture (66 %), le 2e mode de transport le plus utilisé est… la marche (22,8 %). « Presque tout le monde sait marcher, il faut développer cela. À Paris, c’est 54 % des déplacements. » À Tokyo, aux USA, des carrefours prioritaires sont aménagés pour les piétons…
Précisons aussi que la fracture sociale augmente entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas se déplacer. « Il est temps également de relocaliser dans les zones les moins denses », précise le consultant qui a glissé quelques pistes pour « changer de comportements ». Parmi elles, faire payer le stationnement. « Si celui-ci est gratuit, on y va en voiture. » Et de donner quelques exemples étrangers : « Une journée de stationnement à Los Angeles, c’est 80 dollars, à Sydney, entre 80 et 100 dollars. En France ? Allez, au maximum 15 euros, soit 20 dollars. »
Mesures fiscales ?
Des aménagements fonctionnent bien, comme les voies réservées aux bus et aux voitures en covoiturage sur les autoroutes aux USA. On peut aussi avoir des vélos adaptés pour les courses, le transport des enfants… Ludovic Bu a avancé d’autres idées comme limiter ses déplacements, les regrouper, favoriser les aides pour ceux qui les limitent, mettre en place des mesures fiscales incitatives, mais il a aussi posé la question de savoir s’il fallait continuer à mettre des milliards dans de grandes infrastructures… Autant de pistes qui entrent dans le cadre du débat sur la transition énergétique. Début juin, les conclusions régionales seront dévoilées à Cluny (71).