La mise en place de la gratuité dans les transports en commun suite au pic de pollution qu'a connu la France a relancé le débat sur le maintien de cette mesure dans le temps. Evidemment, certains candidats aux municipales se sont lancés dans la bataille. Je me permets donc de proposer quelques éléments pour que chaque citoyen puisse faire son choix de vote dimanche prochain en ayant les éléments nécessaires.
D'ailleurs, nulle part où le transports est gratuit pour le voyageur (car il a toujours un coût), cela n'a entraîné de report modal (sauf à Aubagne, semble-t-il, voir plus bas). Les automobilistes continuent à prendre leur voiture. Sauf quand, comme lors de la mise en place de la circulation alternée, on ne leur laisse pas le choix. Et là, ce n'est plus une question de prix, mais de répondre à un besoin de déplacement. Si on leur donne la gratuité, ils râlent un peu moins. Rien de plus.
Enfin, un troisième constat : ceux qui n'ont pas le choix entre voiture et TC, car ils n'ont pas de voiture (10% des ménages), sont souvent ceux qui ont de grosses difficultés à utiliser les transports en commun. Pour des questions de qualifications (lecture, compréhension des plans, difficultés à se repérer dans l'espace, etc) ou pour une question de lieux de logements mal desservis. J'ai travaillé sur ce sujet depuis des années, et suis encore dessus. Et la gratuité pour ceux-là est un, mais ce n'est qu'un, des éléments qui les aide à se déplacer. Mais pourquoi offrir la gratuité aux riches, si ça n'aide pas ces pauvres ?
Maintenant, je dois concéder que je regarde avec intérêt ce qui se passe à Aubagne, que tout le monde cite en exemple (en oubliant Chateauroux, Compiègne, etc.). Mais la situation là-bas est très spécifique, donc je ne sais pas si elle serait généralisable. Ni si ce serait vraiment intéressant. Mais je ne suis pas fermé.
Aubagne, donc, a une situation très particulière : d'abord, l'agglomération (car on oublie de dire que c'est l'agglo qui paye, et pas la ville) est passée au dessus de 100.000 habitants. Donc, elle a pu lever un impôt supplémentaire (le Versement transport) qui lui a permis de faire la bascule côté budget transport.
Ensuite, elle accueille une immense zone d'activité, qui est mitoyenne de Marseille. Et donc, même si elle augmente ses impôts, elle reste attractive pour les entreprises de par la présence de la 2e ville de France juste à côté.
Enfin, il s'agit effectivement d'un choix politique. A Aubagne, les usagers des transports collectifs ne payent rien directement. C'est l'impôt qui s'en charge. Dans d'autres villes, il en va de même. Et ce choix est fait par des élus de droite comme de gauche ! Là où c'est payant, la contribution du voyageur est d'entre 25 et 40% du coût réel d'exploitation (hors catégories sociales ayant droit à la gratuité). Donc, là encore, il s'agit d'un choix politique. Faire payer plus ou moins, mais jamais le prix total. Des fois en fonction de situations sociales (chômeurs, rsa, etc.) ou professionnelles (étudiants, retraités). Des fois pas.
Bref, lisez bien les programmes de vos candidats, car l'étiquette ne garantit rien en matière de tarification des transports !