Martin Carr. L’apparition de ce nom dans la liste des albums à paraître m’a rendu quasi hystérique. Martin Carr ? Le génial compositeur de The Boo Radleys, groupe phare du label Creation dans les années 90, label lui même phare en Angleterre, grâce à son talent de dénicheur de groupes tels Oasis, Primal Scream ou encore Ride (qui se reforment d’ailleurs en 2015).
C’est avec The Boo Radleys que j’ai découvert la noisy pop, le shoegazing. Puis, lors du virage pris avec leur troisième album, à apprécier la pop luxuriante, celle qui déroule des chansons mirifiques, pleines de rebondissements inattendus et d’arrangements trop riches. C’est aussi avec eux que j’ai constaté qu’on pouvait mettre une guitare avec distortion et une trompette dans le même morceau sans que cela ne fasse kitsch. Ou même qu’une rythmique reggae n’entraînait pas forcément un nuage de weed et des paroles d’amour et de paix, mais pouvait amener à l’un des meilleurs titres de la décennie.
Après leur séparation, suite à la parution du bien nommé "King Size", j’ai tenté de suivre les aventures de Martin Carr, sous l’appelation Brave Captain. Deux mini-LP très pop psychédélique et quelques tentatives électros plus tard, j’ai lâché l’affaire, préférant me replonger dans la discographie pléthorique des Boo’s. Entre les albums et les faces B inédites, il y avait de quoi sustenter mes oreilles.
Pourtant, l’espoir d’un retour inspiré était toujours là, puisque l’Ecossais publiait régulièrement des démos. Avec "The Breaks", Martin Carr revient presque au plus haut niveau. Presque. Les dix titres alignés sur cet album assumé sous son nom sont tous bien foutus. Ritournelles entêtantes pour trois d’entre eux, mélancolie très bien orchestrée dans d’autres, ironie nécessaire dans la plupart des paroles (1) tous les ingrédients semblent réunis.
Et, pourtant, il manque un petit quelque chose, ce léger grain de folie qui rendaient les morceaux de The Boo Radleys si géniaux. "The Breaks" fait bien partie des bons disques pop de 2014. Mais pas au point de se classer au Panthéon des meilleures oeuvres de Martin Carr. Parions qu’après la traversée du désert que ce dernier a connu, l’inspiration majeure le touchera pour son prochain album !
(1) "Mary Jane / What a way to waste the day.” ou “‘Jesus loves us,’ Sister Mary said / As she beat out the rhythm on the back of my head.” parmi d’autres.