Récemment, Pierre Rosanvallon et Daniel Cohen s'interrogeaient sur les moyens d'inventer et de mobiliser autour du thème de l'égalité (1). Leurs échanges les ont amenés à notamment constater que, désormais, l'endogamie sociale va croissant. On sort entre soi, on travaille entre soi, on habite entre soi. Et ils ajoutaient que cette absence de rencontres entre catégories sociales créait de l'ignorance de l'autre, et donc du fantasme sur ce qu'il est, ce dont il profite ou ce qu'il vit. Ce qui accroissait des jalousies envers l'autre ou des rejets de ce dernier.
Lors de cette conférence, je les ai interpellés sur le rôle que les aménagements du territoire avaient joué dans cette césure qui s'est instaurée au sein de notre société. Ces aménagements ont été de deux ordres. D'abord, par l'immense développement des transports du quotidien, qu'ils soient réalisés sur des autoroutes ou par des modes collectifs rapides. Ensuite par la possibilité qui est de plus en plus largement donnée de créer des quartiers fermés sur eux mêmes.